Le modèle scolaire finlandais prend l'eau.
Helsinki, 9. Joulukuuta 2023. Rien ne va plus au pays du père Noël. Il y a quinze ans encore, les collégiens finlandais caracolaient dans le trio de tête de l’OCDE. Mais depuis quelque temps le niveau baisse. Et cette année, il dégringole.
C’est peu dire que la dernière enquête PISA a fait l’effet d’une douche froide. Pensez donc, ces pauvres Finlandais, ils n’ont pas l’habitude. (En France, c’est différent : cette douche, on la prend une fois par an.)
La ministre de l’Éducation, Anna-Maja Henriksson, évoque une situation « extrêmement déconcertante ». Le Covid a bon dos, mais il n’explique pas tout.
Chez Telos aussi, nous sommes déconcertés. Car, pour ne rien vous cacher, on avait beaucoup misé sur le modèle finlandais.
Il faut dire qu’il avait tout pour plaire : des résultats exceptionnels en maths ou en lecture, et dans le même temps un modèle d’école inclusive.
L’école finlandaise, ça ressemble à un tract d’EELV. Son premier objectif est d’aider les élèves « à croître en humanité et à devenir des membres éthiquement responsables en société » (loi sur l’éducation de 1998). Les professeurs sont bienveillants. La pédagogie est participative.
Alors qu’est-ce qui cloche chez nos amis nordiques ?
Les écrans ? L’immigration, comme le susurre Marianne dont la rédaction s’inquiète beaucoup, ces temps-ci, de la Suède et de la Finlande ?
Ah, Marianne et ses chevènementistes. On vous voit venir : c’est parce que ces deux pays veulent rejoindre l’OTAN que le niveau baisse !
On voit aussi venir l’offensive des milieux conservateurs. Pour eux, l’école inclusive aggrave les problèmes au lieu de les régler. Le vrai problème, c’est le recul d’un modèle traditionnel d’enseignement fondé sur l’autorité du maître. Rétablir cette autorité, renouer avec les fondamentaux de l’école de Jules Ferry et la sacralisation du savoir et de ceux qui le transmettent, serait donc la solution aux maux du système éducatif.
Vraiment ? Écoutons plutôt le « Plaidoyer pour une école ouverte » d’Olivier Galland, publié sur Telos le 12 mai dernier.
« L’autorité des enseignants est-elle contestée ? Il est vrai que l’école française se distingue par un climat disciplinaire détestable. Mais elle se distingue aussi par de très faibles scores sur l’intérêt des professeurs aux progrès des élèves et sur l’aide qu’ils leur apportent lorsque ceux-ci ont des difficultés comme sur les efforts qu’ils font pour écouter les élèves et leur donner confiance en eux. Le constat qui ressort de ces données est donc celui, non pas d’un laxisme pédagogique qui laisserait toute liberté aux élèves pour s’exprimer et éventuellement perturber les cours, mais plutôt d’un faible niveau de communication (hors la stricte transmission du savoir) entre les élèves et leurs professeurs. »
Bref, ce n’est pas parce que le modèle finlandais a quelques faiblesses qu’il faut revenir à l’école de papa.
PS : Un grand merci à Google & Microsoft pour nous avoir aidés à orthographier susurrer. Sans le capitalisme numérique, ou serion-nous ?
Deux articles d’Olivier Galland sur l’actualité en matière d’éducation, dont un sur PISA justement.
Gabriel Attal avait bien débuté son mandat en adoptant une position claire sur l’abaya. Mais depuis quelques semaines une musique un peu étrange commence à se faire entendre. Par petites touches le ministre délivre des messages qui semblent rompre avec l’ambition du premier quinquennat en matière d’éducation.
PISA 2022: où en est la France ?
Les résultats de la vague 2022 de la fameuse enquête de l’OCDE sur les compétences scolaires des enfants de 15 ans viennent d’être publiés. À nouveau, ils ne sont pas encourageants pour la France. Certes, le niveau a baissé à peu près partout dans le monde, sans doute un effet de la fermeture des classes lors de la crise sanitaire. Mais le niveau a plus baissé en France que dans la moyenne de l’OCDE. Quels sont nos points faibles, et que tirer des expériences réussies mises en valeur dans le rapport ?
Deux papiers sur la victoire de l’extrême-droite néerlandaise et ses conséquences.
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Le 22 novembre, le Parti pour la liberté de Geert Wilders a remporté le plus grand nombre de sièges à la Chambre des représentants des Pays-Bas. Le même jour, le Premier ministre hongrois Viktor Orbán prononçait un discours à Zurich à l’invitation du magazine conservateur Die Weltwoche. Ce dernier événement offre une clé pour comprendre le premier. Orbán a donné un aperçu de ce que Wilders veut faire de l’Europe.
Et une réflexion de Cyrille Bret sur ce qui se joue du côté de Vladivostok.
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Les convergences entre Moscou et Pyongyang, fortement médiatisées par leurs dirigeants ces derniers mois, ont culminé dans la mise sur orbite d’un satellite d’observation par la Corée du Nord, le 22 novembre, probablement avec l’aide de la Russie. Ce rapprochement ressuscite-t-il «l’axe du mal» dénoncé en 2002 par George W. Bush pour stigmatiser l’Irak, l’Iran et la Corée du Nord ?