Notre solution pour booster la fécondité
La fécondité baisse. Qui va payer nos retraites ? Rassurez-vous, Julien Damon a une solution.
Ne comptez pas sur lui pour préconiser les vieilles recettes, allocations et autres demi-parts fiscales. Ça coûte un pognon de dingue. Leur impact est faible au regard des moyens alloués.
Plus astucieux, il suggère dans un article publié sur Telos d’organiser un cadre pour que les femmes (ou la poignée d’hommes) qui élèvent seules des enfants puissent retrouver un partenaire, et se relancent ainsi vers une nouvelle famille élargie.
« Concrètement, les CAF et autres opérateurs de la politique familiale devraient, dans leurs politiques de lutte contre l’isolement, tout faire pour permettre les rencontres. »
Des rencontres à finalité récréative et, in fine, procréative.
Sérieusement ? Mais oui.
Notre expert part d’un constat. Comme c’est assez technique (il y a des chiffres), on vous le décline ligne à ligne pour que vous puissiez suivre plus facilement.
Le nombre d’enfants à domicile dans les familles monoparentales est de 1,8.
Dans les familles dites traditionnelles (avec les deux parents), il est de 1,9.
Or dans les familles recomposées il est de 2,4. Eh oui : dans un cas sur deux, qui dit recomposition dit procréation.
Mais ce n’est pas tout.
2,4, c’est justement le nombre moyen d’enfants que désirent les adultes (2,39, pour être précis).
La famille recomposée aboutirait donc à une configuration parfaite, conjuguant satisfaction individuelle et avenir de la protection sociale.
Le hic, c’est que ces familles ne sont pas assez nombreuses : une sur dix seulement. Il existe en revanche de nombreuses familles monoparentales : une sur quatre.
Vous l’avez compris : pour relever la courbe de la fécondité, il suffit de convertir les familles monoparentales en familles recomposées.
Julien Damon, pourtant, ne détaille guère son projet. Comment faire ?
Enthousiasmée par son idée, l’équipe de Telos sans filtre a organisé une mini-convention citoyenne pour aller plus loin, en utilisant une méthodologie à base de post-it.
Voici ce qui en est sorti, et que nous invitons l’Assemblée nationale à reprendre sans filtre, comme il se doit.
Proposition n°1 : créer une interface de rencontres en ligne à partir du site de la CAF. Un algorithme de matching optimisera le process, car la CAF dispose de nombreuses données personnelles. Pour favoriser l’essor d’un champion français du numérique, cette proposition pourrait prendre la forme d’un partenariat public-privé avec Meetic.
Proposition n°2 : lancer avec le concours de l’Académie française un prix littéraire pour encourager la fiction à l’eau de rose. (Trop modeste, notre ami Julien décline la proposition complémentaire de donner son nom à ce prix.)
Proposition n°3 : concevoir et diffuser un kit de survie humoristique pour famille recomposée. (Proposition n°3 bis : organiser quatre fois par an une grande rediffusion des films de Claude Sautet, non pas sur France 2 comme toujours mais – astuce – sur M6, dont le public est plus jeune et plus monoparental.)
Proposition n°4, à mettre en œuvre par les collectivités locales en lien avec la CAF : financer sur les territoires des soirées goûters parents-enfants avec entrée gratuite pour les familles monoparentales. Face au risque d’une surreprésentation des femmes, dans les territoires ruraux un partenariat pourra être noué avec la Mutualité sociale agricole.
Proposition n°5 : ouvrir des clubs de vacances réservés aux familles monoparentales avec services mutualisés (baby-sitting en soirée, voire pendant la totalité du séjour avec le futur dispositif « Colo+ » dont le nom est encore en discussion, certains collègues de Sciences Po étant susceptibles de regretter une approche insuffisamment décoloniale).
Toutes ces mesures, ou d’autres auxquelles nous n’avons pas pensé (nous n’étions que trois dans notre convention citoyenne), seraient très certainement moins dispendieuses que d’augmenter les prestations socio-économiques. Elles aboutiraient, grâce la mutualisation des moyens de deux adultes, à de meilleures conditions de vie pour les enfants. Et, qui sait, pour les parents.
Car – plus sérieusement – beaucoup d’études montrent que les familles monoparentales sont souvent des trappes à pauvreté (Sébastien Dupont en parlait en septembre, dans son article « Résidence alternée: un levier contre la pauvreté pour les enfants de parents séparés »).
Qu’en pensent les femmes ? Il y a quelques années, Monique Dagnaud avait chroniqué un ouvrage de Dominique Mehl sur les maternités en solo, qui représentent 1,7% des naissances (« Faire un enfant toute seule ? Elles en avaient rêvé, peu l’ont effectivement réalisé »).
Sa conclusion ? « On peut même affirmer que la famille, constituée d’un couple et de ses enfants (ou d’un ou des enfants issus d’un des membres du couple), et enrichie d’une myriade de liens familiaux et amicaux tissant une tribu affective et affinitaire, apparaît plus que jamais comme l’horizon de référence et de confiance des sociétés contemporaines, en particulier en France. »
C’était en 2016. Est-ce que Metoo a tout chamboulé ?
L’article de Julien Damon a été publié le 15 novembre, sous le titre « Face à la dénatalité: que faire? »
Pour compléter ce plat de résistance (au déclinisme), voici le menu Telos, avec quelques mignardises assez épicées. Oui, l’humeur était à la polémique cette semaine.
Olivier Galland, le 13 novembre
Jeudi 19 octobre, Gabriel Attal a annoncé réfléchir à des mesures qui permettraient de «sortir les élèves radicalisés» des établissements scolaires. Mais la définition de «l’élève radicalisé» paraît bien floue. Et même si l’on resserre la focale et que l’on s’en tient à la justification de la violence au nom de convictions religieuses, les proportions sont significatives. L’enjeu n’est pas d’exclure, mais d’éduquer.
Eddy Fougier, le 14 novembre
Derrière les nouvelles radicalités qui arrivent régulièrement sous les feu de la rampe médiatiques, il y a de «grands basculements» du débat public: des moments où les acteurs traditionnels (ceux qui décident, ceux qui savent) se trouvent dans l’obligation de laisser de nouvelles parties prenantes participer à la discussion, voire à la prise de décision.
Alain Policar, 16 novembre
Dans un article publié par Telos le 7 novembre, Pierre-André Taguieff s’inquiète de «l’extrême droitisation» dont sont victimes les adversaires du «wokisme». Mais il procède en retour à une charge tout aussi réductrice, qui appelle une réponse sur le fond. Le «wokisme», tel qu’il le représente dans son article, existe-t-il?
Étienne Beeker & Dominique Finon, 17 novembre
Après une période d’envol des installations, l'éolien en mer traverse une période difficile. Le secteur est confronté à la hausse des taux d'intérêt, à l'inflation sur les composants de la chaîne d'approvisionnement, à des problèmes d'ingénierie, et à une régulation mal adaptée. Avec ces problèmes, c’est l’illusion collective de la baisse des coûts qui explose. Comment faire en sorte que le secteur redémarre sur des bases plus saines?